Câble sous-marin endommagé en Baltique : Accident ou sabotage ?

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À RETENIR

  • Un incident international impliquant la coupure de câbles de télécommunications sous-marins dans la mer Baltique a suscité des inquiétudes quant à un éventuel sabotage ou à des dommages accidentels.
  • Le moment de l'incident coïncide avec un important exercice militaire de l'OTAN dans la région, ce qui a exacerbé les tensions géopolitiques entre la Russie et les pays occidentaux.
  • Les experts débattent pour savoir si les dégâts sont dus à un sabotage ou à un accident.
  • L'incident montre la vulnérabilité des infrastructures critiques aux dommages accidentels et intentionnels.
  • « La résilience est aussi nécessaire » que la défense, les réparations rapides étant un moyen de dissuasion contre d'éventuelles attaques.

Le 19 novembre, les câbles de télécommunications et Internet reliant la Finlande à l’Allemagne, ainsi que la Lituanie à la Suède, ont été sectionnés.

La société lituanienne responsable de l’un des câbles touchés a déclaré à CNN que l’interruption du trafic Internet n’était pas due à une défaillance de l’équipement, mais à la section du câble.

Des investigations ont également révélé des dommages sur un autre câble de télécommunication entre l’île suédoise de Gotland et la Lituanie.

Les réparations ont commencé le 25 novembre 2024. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, évoque la possibilité d’un « acte de sabotage ».

Un navire chinois, le Yi Peng 3, fait également l’objet d’une enquête pour avoir causé les dommages, volontairement ou accidentellement.

L’incident du câble de la Baltique s’est produit alors que la Finlande accueillait « le plus grand exercice militaire de l’OTAN » avec la participation de forces militaires de Finlande, l’Allemagne, l’Estonie, Pologne, Roumanie, du Brésil, du Canada, l’Espagne, Suède, Suisse, du Royaume-Uni et d’autres alliés.

Nous avons interrogé des experts en sécurité : s’agissait-il d’un accident, d’un sabotage ou d’un acte lié à d’autres enjeux ? Comment ce type de dégâts nuit-il aux pays et comment les agences de défense peuvent-elles faire face aux risques pesant sur ces infrastructures ?

Par ailleurs, comment les gouvernements peuvent-ils atténuer les risques de pannes d’Internet et de télécommunication ?

Dans cet article, nous essayons de répondre à ces questions.

Coupure des câbles sous-marins de la Baltique : Impact sur l’exercice Dynamic Front de l’OTAN ?

Andrew Borene, Directeur exécutif de la sécurité mondiale chez Flashpoint, a suivi de près les opérations militaires et la panne. Il nous a déclaré :

La Finlande a été la plus touchée par l’interruption, alors qu’elle accueillait l’exercice Dynamic Front, le plus grand exercice de l’OTAN jamais organisé pour renforcer l’interopérabilité entre les membres de l’Alliance. Les efforts de restauration sont en cours, mais l’événement illustre la valeur stratégique et la nature précaire des câbles sous-marins.

Borene a souligné que les coupures des câbles sous-marins de la Baltique la semaine dernière ont mis en évidence la fragilité des infrastructures critiques de l’Europe, dans un contexte de menaces croissantes, tant physiques que géopolitiques.

Le timing est remarquable : le sabotage s’est produit pendant le “Dynamic Front”, un exercice de l’OTAN impliquant des forces américaines, britanniques, allemandes et d’autres alliés, amplifiant ainsi l’impact opérationnel et symbolique des coupures de câbles sur les secteurs civil et militaire.

La question demeure de savoir si les perturbations viennent “d’un effort délibéré d’un adversaire, voire d’une combinaison d’adversaires, pour saper la cohésion et la préparation de l’OTAN, ou une escalade plus large dans la guerre hybride”, a déclaré Borene.

Systèmes de communication militaire de l’OTAN et implications plus larges

Les forces armées de 28 pays membres de l’OTAN étaient présentes dans la région jusqu’au 24 novembre 2024 pour l’exercice « Dynamic Front ».

La Russie a récemment montré sa puissance en lançant un missile balistique intercontinental nucléaire évolutif qui a touché le centre-est de l’Ukraine, faisant trois blessés et endommageant des infrastructures critiques.

Irina Tsukerman, avocate spécialisée en sécurité nationale et droits de l’homme, nous a parlé de l’incident de la mer Baltique et de ses implications plus larges.

Jusqu’à présent, cela n’a pas directement affecté les exercices, mais cela a soulevé des inquiétudes officielles concernant la connectivité en général et la nécessité de protéger les infrastructures critiques, tant par les membres individuels de l’OTAN que par l’OTAN dans son ensemble.

Tsukerman met notamment en avant les technologies de communication sécurisées et indépendantes, telles que la radio et les satellites, utilisées par l’armée de l’OTAN. Ces systèmes sont conçus pour fonctionner n’importe où dans le monde, sans besoin de connectivité locale.

Cependant, Tsukerman a averti que les communications radio sont vulnérables, et que les perturbations et le sabotage des satellites ne peuvent être exclus, notamment de la part de la Chine, qui dispose d’une solide infrastructure satellitaire et un programme spatial ambitieux.

Le fait que deux câbles aient été coupés l’un après l’autre renforce la perception d’un sabotage, ce qui pourrait signifier que des dommages supplémentaires pourraient être causés, soit sous la forme de nouvelles coupures de câbles, soit sous d’autres formes d’attaques contre la Finlande ou les troupes de l’OTAN menant des exercices.

Elle souligne aussi que la circulation de navires étrangers dans les environs et la coupure impunie des câbles sous-marins constituent un risque majeur pour la sécurité et ont de nombreuses conséquences.

La perturbation entraînera une hausse des coûts pour les gouvernements et les opérateurs de câbles, et pourrait éventuellement conduire à la diversification des moyens de communication, a déclaré Tsukerman.

« À court terme, les attaques contre les câbles Internet constituent une menace majeure que l’OTAN ne peut pas facilement répliquer contre l’autre camp », a déclaré Tsukerman.

Ces attaques, ainsi que toutes les cyberattaques, ont un coût très élevé au niveau mondial, comme le rappellent ces statistiques sur la cybersécurité.

Comment les gouvernements peuvent-ils atténuer les risques de pannes d’Internet et de communication ?

La panne des câbles de communication sous-marins de la Baltique n’est pas le premier événement similaire de cette année.

Le 14 mars, des millions de personnes en Afrique ont perdu leur connexion Internet à la suite de dommages causés sur un câble sous-marin, laissant l’Afrique du Sud, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Liberia, le Bénin, le Ghana, le Burkina Faso et d’autres pays sans connexion.

Il est évident que les câbles Internet sous-marins ne sont pas aussi sûrs que nous le pensions autrefois.

Nous avons demandé à Borene de Flashpoint ce que les organisations militaires et civiles européennes devraient envisager sur le plan technologique et quel type de cadres de gestion des risques devraient être développés.

Cet incident souligne la nécessité urgente de concevoir des voies de communication avec une redondance intégrée et d’adopter une planification axée sur la résilience, afin de garantir que les réseaux critiques puissent résister aux perturbations intentionnelles et s’en remettre.

Borene a ajouté que certaines mesures spécifiques pourraient également être utiles :

  • Surveillance en temps réel : déploiement de systèmes pilotés par l’IA pour détecter les anomalies, et une réponse rapide aux perturbations.
  • Mise en place de cadres de gestion des risques intégrés qui s’alignent sur les normes de résilience de l’OTAN, en mettant l’accent sur la continuité des communications, de l’énergie et des transports.
  • Collaboration civilo-militaire et partenariats public-privé

« Des exercices comme Dynamic Front devraient simuler des scénarios de guerre hybride, permettant aux deux secteurs d’affiner leurs réponses », a ajouté Borene.

Selon Borene, l’accent devrait être mis sur la résilience plutôt que sur la seule défense, car des efforts de récupération rapides signalent aux adversaires que les tentatives de déstabilisation sont vouées à l’échec.

En outre, Borene a appelé à des exercices réguliers, couvrant les interruptions d’alimentation électrique, de communication et de transport, afin de mettre en évidence les vulnérabilités et de renforcer la coordination en cas de crise.

Envoyez un message unifié : la guerre hybride se nourrit de la division. En faisant preuve d’unité, l’OTAN et ses partenaires peuvent atténuer l’impact déstabilisateur de telles attaques.

En conclusion

Comme l’a souligné Borene, les deux scénarios, qu’il s’agisse d’une coupure de câble accidentelle ou d’un acte de sabotage intentionnel, présentent des conséquences et des risques préoccupants pour les populations, les gouvernements et les forces armées.

Une évaluation complète de l’état de la connectivité Internet mondiale est aujourd’hui plus nécessaire que jamais.

Les pannes mondiales se révèlent extrêmement destructrices, semant le chaos et entraînant des dommages humains et économiques coûteux.

FAQ

Coupure des câbles sous-marins de la Baltique : Que s’est-il passé ?

Le câble sous-marin de la Baltique a-t-il été coupé par sabotage ?

Pourquoi les câbles sous-marins sont-ils vulnérables aux attaques ?

Quelles mesures les gouvernements peuvent-ils prendre pour protéger les câbles sous-marins ?

Cet incident pourrait-il aggraver les tensions dans la région ?

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Vincent Grethen
Responsable d'édition

Diplômé de l'Ecole de Journalisme de Louvain La Neuve en Belgique, c'est finalement le monde du contenu en ligne qui m'a permis d'assouvir ma passion pour l'écriture. Depuis plus de 10 ans, j'explore divers secteurs, notamment le bien-être, le médical ou encore le tourisme. Cette polyvalence est mon atout majeur pour capter l'attention des lecteurs et des lectrices. Aujourd'hui, ma plume évolue au rythme des innovations, au service des passionnés de technologie, toujours avec le même plaisir de jouer avec les mots.