Chris Pavlovski, PDG de Rumble, a pris la décision de quitter l’Europe quelques jours seulement après l’arrestation de Pavel Durov, le PDG de Telegram. Dans un post publié sur X, Pavlovski, qui est un ressortissant canadien, a déclaré que les autorités françaises avaient « franchi une ligne rouge » après avoir décidé d’arrêter le fondateur de Telegram.
« Je suis un peu en retard, mais pour une bonne raison : je viens de quitter l’Europe pour être en sécurité », a écrit M. Pavlovski. M. Pavlovski n’a pas précisé le pays qu’il avait quitté ni l’endroit où il se trouvait.
Rumble est une plateforme de partage de vidéos en ligne fondée en 2013. La plateforme de médias sociaux est « immunisée contre la Cancel Culture » et vise à « restaurer l’Internet à ses racines en le rendant à nouveau libre et ouvert ».
La plateforme a été confrontée à des batailles juridiques dans différentes régions, y compris en France. En novembre 2022, Rumble a bloqué l’accès à sa plateforme pour les utilisateurs français après avoir refusé de se conformer à une demande du gouvernement français de supprimer certaines sources d’information russes.
Pavlovski avait déjà déclaré que sa plateforme Rumble contesterait juridiquement les requêtes du gouvernement français. Un peu plus tôt, en mai, Pavlovski a affirmé que la Russie avait également bloqué Rumble car la plateforme avait refusé de censurer du contenu.
I’m a little late to this, but for good reason — I’ve just safely departed from Europe.
France has threatened Rumble, and now they have crossed a red line by arresting Telegram’s CEO, Pavel Durov, reportedly for not censoring speech.
Rumble will not stand for this behavior and…
— Chris Pavlovski (@chrispavlovski) August 25, 2024
Le PDG de Telegram, Pavel Durov, arrêté
L’annonce de Pavlovski intervient quelques jours seulement après l’arrestation de Pavel Durov le 24 août à l’aéroport de Paris-Le Bourget. Les autorités françaises auraient arrêté Pavel Durov sur la base d’un mandat d’arrêt délivré par la police judiciaire du pays.
L’enquête porte sur l’incapacité présumée de Telegram à coopérer avec les services judiciaires, notamment en ce qui concerne des infractions telles que les abus sexuels sur des enfants, le trafic de stupéfiants, la fraude et le terrorisme, commises par l’intermédiaire de sa plateforme. Il est vrai que les autorités françaises ont intensifié leur surveillance sur Telegram et la cybercriminalité, car de plus en plus de pirates informatiques utilisent la messagerie pour commercialiser des produits illégaux.
Telegram, une application de messagerie qui compte près d’un milliard d’utilisateurs, est considérée comme une plateforme qui favorise la protection de la vie privée et la liberté d’expression. Dans un communiqué, l’entreprise a déclaré qu’elle se conformait à la législation européenne et que ses pratiques de modération étaient « conformes aux normes du secteur et en constante amélioration ».
Telegram a ajouté que M. Durov « n’a rien à cacher et voyage fréquemment en Europe », rejetant toute implication selon laquelle la plateforme ou son fondateur serait responsable de l’utilisation abusive du service par certains utilisateurs.
Les défenseurs de la liberté d’expression critiquent la France
L’arrestation de M. Durov a déclenché une vive réaction de la part des défenseurs de la liberté d’expression dans le monde entier. Des personnalités comme Elon Musk et Robert F. Kennedy Jr. ont exprimé leur désapprobation à l’égard des mesures prises par le gouvernement français.
Musk, connu pour être un fervent défenseur de la liberté d’expression, a posté le hashtag #FreePavel sur X. Il a également ajouté un autre message affirmant que le climat actuel en Europe est hostile à la liberté d’expression.
POV: It’s 2030 in Europe and you’re being executed for liking a meme https://t.co/OkZ6YS3u2P
— Elon Musk (@elonmusk) August 24, 2024
- Kennedy, candidat à l’élection américaine et militant écologiste, a tweeté que la nécessité de protéger la liberté d’expression n’avait « jamais été aussi urgente ». Le commentateur conservateur Ian Miles Cheong et David Sacks, partenaire général de Craft Ventures, se sont également exprimés sur la controverse.
- Cheong a estimé que l’arrestation de M. Durov s’inscrivait dans le cadre d’un effort plus large visant à supprimer la dissidence et à contrôler l’information. M. Sacks s’est fait l’écho de ces préoccupations, affirmant que l’utilisation de pays alliés pour contourner les protections du premier amendement aux États-Unis représente une tendance nouvelle et dangereuse.
De nombreux membres de la communauté cryptographique se sont également rangés du côté de M. Durov. L’investisseur américain et défenseur de la cryptographie Balaji S. Srinivasan a déclaré que le seul crime de M. Durov semblait être de « permettre la liberté d’expression en ligne ».
Le fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, a également exprimé son inquiétude quant à l’avenir de la liberté d’expression en Europe. « Mais, compte tenu des informations disponibles jusqu’à présent : les accusations semblent porter uniquement sur le fait de ne pas modérer le contenu et de ne pas partager les données relatives aux utilisateurs de la plateforme, ce qui semble donc être très inquiétant pour l’avenir de la liberté des logiciels et des communications en Europe », a-t-il écrit sur X.
This is why we need open source, and formal verification of security properties.
— vitalik.eth (@VitalikButerin) August 25, 2024
L’Europe sous le feu des projecteurs à cause d’une loi sur la censure trop vague
Cette arrestation intervient alors que l’Union européenne (UE) est critiquée par rapport à la mise en application d’une loi qui, selon de nombreuses personnes, pourrait porter atteinte à la liberté d’expression sur le continent. La loi, connue sous le nom de Digital Services Act (DSA), est considérée, d’après les critiques, comme une nouvelle réglementation vague et potentiellement dangereuse, qui pourrait être utilisée pour censurer le contenu en ligne.
La semaine dernière, le commissaire européen Thierry Breton a invité Elon Musk dans une lettre publiée sur X à ne pas permettre aux Européens de visionner son interview avec l’ancien président Donald Trump sur X, afin de protéger les citoyens européens.
Une coalition d’organisations et d’individus a vivement critiqué M. Breton pour avoir tenté de supprimer la liberté d’expression au-delà de l’UE et a comparé ses actions à celles d’une nation autocratique plutôt qu’à celles d’une démocratie.
Nous sommes particulièrement préoccupés par votre tentative d’utiliser le Digital Services Act pour étouffer la liberté d’expression au-delà de l’Union européenne en raison de ce que vous appelez les « retombées », ont-ils écrit dans une lettre adressée à M. Breton.
La coalition a également ajoutée :
« Affirmer qu’une plateforme en ligne qui diffuse une interview avec l’un des deux principaux candidats à l’élection présidentielle américaine peut être incompatible avec une loi sur la sécurité en ligne est plus caractéristique d’une nation autocratique que d’une démocratie. »
Parmi les signataires figurent des groupes tels que :
- The Future of Free Speech,
- TechFreedom,
- Institute H21,
- The Copia Institute,
- Justitia,
- Adam Smith Institute,
- Center for Political Studies,
- Istituto Bruno Leoni,
- ainsi que des particuliers, dont l’ancienne présidente de l’ACLU, Nadine Strossen.
Selon la Free Speech Coalition, l’avertissement de Breton à Musk met en évidence une tendance largement constatée au sein de l’UE à imposer des mesures draconiennes aux médias sociaux. Selon cette organisation, ces mesures pourraient conduire à une censure généralisée.
Conclusion
L’arrestation de M. Durov a attiré l’attention des partisans de la liberté d’expression. Elon Musk et Vitalik Buterin ont notamment condamné cette arrestation, qu’ils considèrent comme une dangereuse atteinte à la liberté d’expression en Europe.
Cette arrestation soulève également des questions sur la loi européenne sur les services numériques (Digital Services Act, DSA). Certains critiques ont estimé que cette loi pourrait être utilisée pour censurer le contenu en ligne, tandis que d’autres la comparent aux pratiques des sociétés autocratiques.